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Les premiers "parcs à moules" en 1955

Les habitants de de la Baie et notamment les Vivarais se lancent donc véritablement dans l'aventure mytilicole en janvier 1955 avec la mise en place des premiers "parcs à moules". Ce sont des pionniers !

Le règne du cheval

 

A cette époque, on se rend dans la Baie à cheval et en charrette, on en compte une vingtaine à cette période. Tout le travail se fait à terre quand la mer est basse. Seuls Alfred, Joseph et Louis Belabre ainsi qu'Alfred Chistrel utilisent parfois leurs bateaux  afin d'y transporter les pieux, les branchages et les moules.

Certains utilisent même des véhicules pour atteindre la Baie mais ce sont souvent de vieilles camionnettes. Eugène Georges est parmi les premiers à utiliser une ancienne 5cv Citroën. Mais pas question de trop s'aventurer dans la Baie sinon gare à l'enlisement dans la vase : il arrive souvent qu'on soit obligé de placer des branches sous les roues quand le camion est chargé de moules. Et puis les vieux moteurs sont souvent capricieux et ne veulent plus redémarrer quand la mer remonte. Ainsi,  ce sont parfois les chevaux qui tractent  la voiture pour retrouver le rivage !

Planter les pieux

 

L'installation des premiers pieux commence en janvier 1955. Les nouveaux mytiliculteurs   s'y activent courageusement avec les "moyens du bord".

En ce temps-là, aucune mécanisation. Ce sont les chevaux comme  "Pilote" de Félix Barbé et  "Ponettes" d'Henri Dupuy  qui tirent les charrettes remplies de pieux en chêne ou en bouleau. De nombreux hommes de la Baie mais également quelques femmes  participent activement à cet ouvrage très difficile. Le jeune Félix Barbé, fils d'agriculteur, est déjà là et participe activement aux manoeuvres. Celui-ci s'en rappelle bien : "Et pour enfoncer le pieu , les outils étaient assez rudimentaires. On utilisait une barre à mine et quatre à cinq bons gars tiraient sur les élingues pour le faire descendre dans la vase. Les barres de fer pesaient 15 kg environ. On enfonçait les pieux jusqu'à 2m de profondeur, pour ne pas que les pieux bougent avec la marée. Il faut savoir que les Vivarais pouvaient mettre jusqu'à 20 ou 25 pieux dans la marée et c'était un exploit. Le plus souvent les pieux étaient amenés à l'aide de chevaux. Pour empêcher que les charrettes s'enfoncent dans la vase, on mettait 2 pieux en dessous des roues. C'était vraiment dur à cette époque !"

Trouver du naissain

 

Pas facile car on ne capte pas ou alors très peu de naissain en Baie à cause des forts courants et de l'importance du marnage. On va donc à la pêche au naissain de moules sur les rochers d'Erquy et ses alentours. Mais il s'agit de la moule indigène des côtes bretonnes, " la Gallo", dont la croissance et la qualité ne sont pas régulières.

Parfois, certains Vivarais comme Félix, se rendent sur Noirmoutier pour se ravitailler en petites moules de l'Atlantique : la Mytilus edulis.  Les moules sont donc ramenées au Vivier pour qu'elles finissent leur croissance dans la Baie.

Mais il y a parfois autant de cailloux que de moules sans compter celles qui sont déjà mortes ou qui vont mourir rapidement !

Faire pousser les moules

 

A cette époque la technique des cordes couvertes de petites moules charentaises ou vendéennes et que l'on enroule autour des pieux n'existe pas. A cette époque, pas de pinasse, ni d'acon, ni de yole...tout se fait à marée basse et à la main !

Les nouveaux concessionnaires ne connaissent pas les techniques pour élever les moules. Alors on expérimente et on tatônne. On s'inspire notamment de l'ostréiculture en construisant des tables horizontales reliées aux pieux par des planches et un clayonnage de branches de bouleau. On  dispose les jeunes moules sur les tables et on les recouvre de branchages pour qu'elles ne s'échappent pas. Félix se rappelle que lors des tempêtes, elles partent dans tous les sens et il faut aller les repêcher dans la vase... Les techniques sont donc rudimentaires.

Des résultats mitigés

 

Même si les techniques ne sont pas au point, la pousse est bonne. En effet des moules de 25 à 30 mm mises en place en mars-avril, atteignent la taille marchande en août. Seulement, le rendement est peu important par suite du déchet constitué par les coquilles et les cailloux qui accompagnent les moules. De plus les pertes sont conséquentes car les courants et les vents sont violents. Le tonnage récolté est donc sensiblement le même que celui apporté.

Pour certains, les espoirs sont déçus par rapport aux efforts fournis et l'enthousiasme des débuts est retombé. Ainsi, en 1957, plusieurs concessions sont abandonnées.  Mais certains persévèrent et y croient toujours...

 

 

Evidemment l'histoire ne s'arrête pas là ...

 

 

 

 

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