Histoire et patrimoine
Le Vivier avant les années 50
Pour bien comprendre le processus de développement de l'élevage de moules au Vivier , il faut décrire la situation économique de la commune avant les années 50.
Un peu d'agriculture
La vocation économique du Vivier dépend d'abord de la terre mais sa superficie trop petite limite l'essor de l'agriculture. La superficie totale est de 204 hectares dont une seule bande de terre est cultivable.
Les terres du marais argileuses et calcaires sont difficiles à travailler et conviennent mal aux cultures maraîchères. Celles qui réussissent le mieux sont le blé et la luzerne.
Au niveau de l'élevage, celui des vaches laitières est en progrès. Il y a évidemment aussi les fameux moutons de pré salé. Mais, ici comme ailleurs, l'agriculture demande de moins en moins de main d'oeuvre à cause de la mécanisation.
La commune tire donc une partie de ses revenus de l'agriculture et de l'élevage mais cette activité reste trop modeste pour retenir la population sur place.
Et des activités maritimes évidemment
La mer est l'autre moyen de vivre notamment avec les pêcheries fixes. Elles datent du 10e siècle. Elle appartenaient alors aux seigneurs locaux. Ces privilèges furent conservés lors de l'organisation de la marine par Colbert. Elles ont été longtemps la propriété des riches qui les louaient aux pêcheurs pour l'exploitation. Les pêcheries et le territoire qu'elles recouvrent demeurent encore des propriétés privées, enclavées dans le domaine public maritime. Il y en a 40 dans la baie. Ces pêcheries ont la forme d'un V ouvert du côté terre et formé de deux pannes de branchages entrelacés, d'environ 2 m de haut et de 200 à 300 m de long, qui convergent vers une nasse en osier. Les captures de ces pêcheries varient beaucoup suivant les saisons et les années : maquereaux, bars, mulets, seiches, crevettes, carrelets... Mais elles diminuent constamment et la rentabilité des pêcheries est compromise. En plus, elles nécessitent un travail considérable : il faut entretenir constamment les pannes de branchage, fréquemment emportées par les tempêtes. Au début des années 50, certaines sont donc sur le point d'être abandonnées.
Il y a aussi la pêche à pied et notamment celle des coques qui est très active. On pêche aussi des palourdes, des huîtres et des crevettes grises. Il y a une quinzaine de pêcheurs à pied au Vivier mais ces activités restent marginales et ne donnent pas toujours lieu à un véritable commerce. Elles fournissent souvent aux familles un complément alimentaire. Félix, un habitant du Vivier, fils d'agriculteur se rappelle : "Ils allaient pêcher des crevettes avec des dranets. Il y avait aussi les pêcheurs de coques. Et puis ceux, comme la famille Belabre, qui allaient pêcher les poissons avec de grands filets (sennes) de 50 mètres de long ; ils les déposaient à mi-marée et à marée basse ils récoltaient les poissons plies, soles, mulets, bars..."
C'est aussi l'époque où on embarque sur les morutiers. Pendant longtemps, beaucoup de jeunes Vivarais étaient terre-neuvas. Mais ce travail pénible attire de moins en moins les habitants de la commune qui préfèrent trouver de l'emploi dans la région.
Le Vivier se distingue également au sein de la Baie par sa fonction balnéaire et la petite activité touristique qu'elle génère. La plage du Vivier baptisée « La coquette du Marais » ou « La Reine de la Côte » devient un lieu de villégiature privilégié pour les habitants de Dol et ses environs. De plus, la route entre Saint-Malo et le Mont Saint-Michel qui traverse la commune lui procure une activité touristique non négligeable notamment pour l'hôtellerie.
Un port en sommeil
Quant au port, il a perdu pratiquement toute son activité. En 1900, on compte encore 50 bateaux mais l'activité portuaire est déjà en déclin. En effet, la construction de la voie ferrée desservant la Baie rend moins intéressante le transport des marchandises par cabotage le long des côtes. L'écoulement des marchandises au début des années 50 se fait donc par Saint-Malo car les moyens de communication se sont développés et modernisés, en particulier la ligne de chemin de fer côtière et la liaison maritime avec les îles anglo-normandes. L'animation commerciale se déplace donc à l'ouest de la Baie, sur Cancale qui vit correctement avec l'ostréiculture. Le quai et le port en pierre de taille construits au milieu du 19e siècle deviennent presque déserts : on y trouve trois bateaux qui sortent pêcher à la senne et des doris pour transporter le bois aux pêcheries.